Téléconsultation : un médecin chez votre pharmacien !

14 septembre 2021

Téléconsultation : un médecin chez votre pharmacien !

Au coeur de la chaîne de soins avec des missions élargies, les pharmaciens continuent de développer de nouveaux services. En officines, le nombre de téléconsultations a explosé depuis le début de la pandémie de Covid-19. Zoom sur un dispositif de plus en plus apprécié.

TÉLÉCONSULTATION : POURQUOI ?

Lorsqu'il est compliqué de se déplacer ou d'obtenir un rendez-vous chez son médecin, la téléconsultation peut être une bonne alternative, notamment en cas d'urgence. En pharmacie, les personnes sont reçues individuellement dans un espace confidentiel équipé d'une borne et d'outils médicaux connectés (thermomètre, tensiomètre, stéthoscope...). L'échange et l'examen ont lieu par écrans interposés. Le pharmacien peut rester présent si besoin. Selon le diagnostic, le médecin peut alors directement délivrer une ordonance à remettre au pharmacien. 

UN SERVICE EFFICACE POUR PLUSIEURS PATHOLOGIES

Pratique et rapide, le dispositif connait un réel succès auprès de la population. La téléconsultation est très efficace en cas de douleurs dentaires, d'infections urinaires, d'allergies ou pour renouveler l'ordonnande d'un traitement ou d'une contraception. 

En revanche, un médecin à distance orientera le patient vers un confrère en cas de problème dermatologique ou nécéssitant un palper ou une analyse sanguine par exemple. Il ne peut pas non plus prolonger un arrêt de travail ou voir un enfant de moins de 3 ans.

La téléconsultation ne peut pas remplacer le suivi d'un médecin traitant, mais constitue un service complémentaire innovant pour retirer, virtuellement, une épine du pied à bien des patients !

J’ai eu recours à téléconsultation à deux reprises, en pharmacie et à domicile. La première fois, j’avais une douleur à l’œil. Comme je travaille, ce n’était pas facile de caler un rendez-vous chez mon médecin traitant sans devoir prendre une demi-journée de congés. Et puis avec la Covid-19, je ne me voyais pas attendre dans sa salle d’attente.

Je me suis donc rendue chez mon pharmacien qui m’a proposé la téléconsultation. Il m’a accompagnée dans un espace confidentiel et m’a expliqué le fonctionnement de la borne numérique et des outils à disposition (thermomètre, tensiomètre…). Je me suis sentie très à l’aise.
J’ai simplement eu besoin de m’enregistrer avec ma Carte Vitale pour être prise en charge. Puis, j’ai été mise en relation avec un médecin.

Par écrans interposés, à l’aide de la webcam, il a immédiatement diagnostiqué un orgelet : une infection bénigne en bordure de la paupière. Il m’a alors prescrit le traitement adéquat sur ordonnance. Sur place, mon pharmacien a pu me fournir la pommade. En 10 minutes, c’était réglé. Et deux jours plus tard, mon œil était guéri. J’ai gagné beaucoup de temps.

La seconde fois, je m’étais cassé le nez. L’hématome était important. Il me fallait une radiographie. Plutôt que de passer par mon médecin traitant pour obtenir l’ordonnance, je me suis connectée au service de téléconsultation directement avec mon téléphone.
Là aussi, j’ai gagné beaucoup de temps.

Bien sûr, si j’avais eu une entorse à la cheville, la téléconsultation n’aurait peut-être as été très adaptée.

Delphine, 47 ans

En tant que pharmacienne, pourquoi proposez-vous la téléconsultation ?

Aux Sables d’Olonne (Vendée), nous sommes confrontés au phénomène de désertification médicale. L’accès aux soins est parfois difficile. La télémédecine permet ponctuellement de faire face aux demandes de consultations urgentes.

Le dispositif nécessite-t-il des compétences particulières ?

Non. Le patient est autonome avec la borne et les outils connectés (thermomètre, tensiomètre, oxymètre de pouls, stéthoscope électronique, dermatoscope et otoscope). Si la personne a besoin d’aide, cependant, le pharmacien peut l’accompagner. Il y a toujours un médecin connecté.

Quel bilan en tirez-vous ?

Ce service répond très bien à la demande des patients de passage qui sont très nombreux dans notre pharmacie côtière. Pour toutes les pathologies qui nécessitent un traitement sur ordonnance (cystites, otites…), la téléconsultation permet en général d’obtenir une solution en seulement 10 minutes. Cela sécurise le pharmacien dans la prise en charge des patients. Ceux-ci sont ravis !

Quelles sont, selon vous, les limites de ce dispositif ?

La téléconsultation ne permet pas au médecin de palper, ce qui est indispensable pour diagnostiquer certaines pathologies, notamment en dermatologie (en dehors de certaines allergies ou mycoses).Quand une consultation physique est nécessaire, le médecin à distance en informe le patient et peut l’orienter vers un autre généraliste ou un spécialiste avec un courrier remis lors de la téléconsultation.

Il faut aussi savoir que le médecin, en téléconsultation, ne peut pas prescrire de bilan et d’analyse sanguine, car il n’assure pas le suivi ensuite.
Enfin, l’Assurance maladie rembourse la téléconsultation à hauteur de 30% car elle ne fait pas partie du parcours de soins coordonné par un médecin traitant.

Justine Rioli, pharmacie de la Chaume (Vendée).